« Dis, qu’est-ce que t’écoutes en ce moment ? »
Plusieurs artistes et disques, comme toujours. J’ai envie de faire ce billet depuis le concert de Meshell Ndegeocello au Jazz Onze+ à Lausanne, le 28 octobre 2024. Un des meilleurs concerts que j’ai pu entendre cette année, et certainement un de ceux qui m’a le plus marqué tout court.
Avant le concert, j’avais rattrapé mon retard en écoutant ses deux albums récents (The Omnichord Real Book et No More Water: The Gospel of James Baldwin). J’ai beaucoup aimé, mais il faut bien dire que mon écoute n’est pas aussi attentive quand je ne suis pas en concert. Et là, j’ai été proprement soufflé, soulevé, enlevé. Cette musique, cet état d’esprit précis bougent mon regard, bouleversent ma sensibilité, me permettent d’affronter la vie, de lui faire face, de relever le défi, d’être à sa hauteur. Ce qui, pour ma part, ne va pas de soi, n’est pas gagné, car la barre ne cesse de monter. Et il y aurait tant à dire sur ma barre, notre barre, leurs barres, leurs différences, l’impossibilité devenue nécessité, l’indicible devenu quotidien, permanent.
Le groupe, et particulièrement Meshell Ndegeocello, m’ont donné le sentiment de voir des fondations dans lesquelles on peut avoir confiance, de fondations qui s’appuient sur une confiance presque inébranlable, d’où émerge la force d’éprouver des gammes d’émotions diverses, en apparence contradictoires, mais qui ce soir là se sont associées, comme des musiciennes et des musiciens forment un orchestre, pour donner corps à la densité, à la richesse qu’est l’expérience de la vie, mais une expérience à la conscience affûtée, éveillée. Oui, woke.
What’s another word for trouble? ‘Cause that’s what we’re in.
Everyone’s down for the struggle until it begins.
Pain makes you humble. Hurt is hard to sing.
What’s another word for trouble?Meshell Ndegeocello
— Trouble in No More Water: The Gospel of James Baldwin Dans une forme dépouillée. Pour laisser la place à la douleur, au deuil, à la colère, à la lutte, à la joie, à l’amour.
