Nettoyage ethnique, génocide, inondations rendues plus dévastatrices grâce au développement, peut-être même durable, réélection de Trump (et redéfaite de l’option centriste, très logiquement), la majorité de la presse dominante qui marche au pas, le doigt sur la couture, aux ordres de l’hégémonie culturelle de l’extrême droite qui a avalé la droite grâce à la collaboration du centre, et j’en passe, les listes de catastrophes sont une autre forme de catastrophe, une couche de plus. L’idée générale est que non seulement ça ne cesse d’empirer, mais que le mouvement s’accélère, et qu’à chaque « clic » un cran est enclenché, un cran qui signifie qu’il n’y aura pas de retour à la situation précédente, sans compter que ce serait une autre forme de défaite que de vouloir retrouver cette situation. Oui, tout cela ressemble à des périodes de l’histoire qu’on peut lire dans les manuels, mais justement, ça devrait mettre la puce à l’oreille, parce que les manuels passent sous silence l’essentiel, malgré toute la bonne volonté du monde. À vrai dire, il faudrait que je les relise, ils ont dû changer, et peut-être qu’aujourd’hui dans le chapitre des fascisme et nazisme, on y trouve des extraits du Discours sur le colonialisme de Césaire.
Aujourd’hui, au bout du cul-de-sac Europe, il y a un génocide soutenu par nos gouvernements, par une partie significative de nos représentantes et représentants politiques, du pouvoir économique. Au bout de ce cul-de-sac, il y a l’absence d’alternative politique aux États-Unis d’Amérique du Nord et la victoire sans partage du suprémacisme blanc (et mâle, cela va sans dire), qui ne semble pas trop déplaire à nos classes dirigeantes, capables de s’adapter à tout, surtout au pire, enfin tant que ce n’est pas la catastrophe climatique, de la pollution, de l’effondrement de la biodiversité, parce que sur ce point, c’est le mantra « no future ».
Pourtant, nous ne sommes pas seules à vouloir d’autres mondes, à avoir des propositions concrètes pour vivre et reconnaître la légitimité des désirs de vivre des autres. Non seulement nous ne sommes pas seules, mais il se pourrait bien que nous soyons les plus nombreuses et nombreux. Que faire d’autre si ce n’est prendre exemple sur celles et ceux d’entre nous qui s’engagent, engagent leur vie, leur corps, leur intégrité, dans la lutte ? Prendre exemple sur celles et ceux qui s’engagent pour faire que la vie… plutôt que la mort.