J’ai commencé récemment le livre des conversations entre Bernard Friot et Frédéric Lordon. Contrairement à ce qui se passe le plus souvent lorsque s’organisent des rencontres de ce type, l’échange est particulièrement fertile et épanouissant. Aussi, des citations à faire, il y en a un bon nombre, même après moins de 100 pages.
Celle-ci m’intéresse particulièrement parce qu’elle permet de bien sentir à quel point économie et politique sont liées, et à quelle échelle la proposition de Friot et de réseau salariat est émancipatrice. Le salaire à vie, c’est d’abord ça, devenir collectivement souverain sur le travail, sur l’ensemble de la production. C’est non seulement émancipateur, mais c’est également la bonne manière de faire face aux catastrophes écologiques et climatiques qui sont en cours.
Il ne s’agit plus de quémander un emploi pour avoir le droit de valoriser du capital, et de payer des impôts pour en déléguer la gestion à un personnel politique et une aristocratie de grandes et grands fonctionnaires. Il s’agit de décider ensemble du niveau de salaire et de ce qui doit être produit, et surtout comment ça devrait l’être.
Bien sûr, ça ne règlerait pas tout d’un coup de baguette magique, mais dans ce contexte, les COPmachins, ça serait nous, nous toutes et tous. Un sacré foutoir, certainement, mais autre chose que des cravates et des tailleurs baladés en jets privés et qui blablatent dans le vide. Ce qui voudrait dire aussi qu’on ne pourrait plus se limiter à se lamenter de nos élites (qui en réalité ne sont pas nos élites, mais les représentantes et représentants de la Bourgeoisie) : nous serions enfin responsables, adultes quoi. Et avec Greta, pas contre elle.
La référence exacte :
Friot, Bernard et Lordon, Frédéric, 2021. En travail : conversations sur le communisme. Paris : La Dispute. Entretiens. ISBN 978-2-84303-322-3.